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« Le corps humain a un mécanisme auto-régulateur, auto-nettoyeur et auto-guérisseur. Nos organes improvisent toujours des moyens de rencontrer chaque nouvelle situation et ces moyens sont tels qu'ils tendent à nous donner une direction maximum" Alexis Carrel (Prix Nobel de Médecine)

"Renaissance". Ce mot prend une signification particulière lorsque l'on passe, comme moi, une grande partie de son temps dans le monde du handicap. Depuis dix ans, presque chaque jour, je suis au contact de personnes ayant une trisomie 21. Je reçois d'elle une belle leçon de vie. Et cette expérience me fait penser que renaître au quotidien, c'est au fond tout un art de vivre. 

Les personnes trisomiques ont beaucoup à nous apprendre. D'abord que les connaissances ne sont pas l'essentiel. Comme diététicienne-nutritionniste je leur apporte des conseils sur l'équilibre alimentaire. 
Ils sont nécessaires, car les personnes trisomiques sont souvent sujettes à un surpoids ou une obésité dus à un manque de satiété. Par exemple, comment retrouver une hygiène de vie au quotidien ; et avancer pleinement, à sa mesure, sur son propre chemin de vie. Oui, je crois que c'est une bonne leçon de vie qu'elle nous donnent.
   
Au fur et à mesure des consultations, grâce à leur implication et à celle de leur entourage., grâce à tous leurs efforts pour avoir une alimentation équilibrée et une activité physique adaptée, je les vois avec plaisir retrouver un bien-être au quotidien. Et cet équilibre de vie retrouvé, cette unité, est un pas décisif pour gagner de la confiance et de l'estime de soi au quotidien. L'essentiel n'est-il pas là, au cœur de la vie ? 

Renaissance ou art de vivre ?

Corps, âme et esprit. Ces trois éléments sont complémentaires. Pour vivre pleinement en harmonie avec lui-même, tout être humain est appelé à retrouver cette unité. S'il n'y a pas de recette miracle pour y parvenir, l'alimentation et la pratique d'une activité physique régulière sont biensûr des facteurs qui vous permettront de vous sentir bien et de retrouver un dynamisme au quotidien.
     
Un équilibre alimentaire se base sur des notions très simples. Prises dans leur ensemble, elles forment un véritable art de vivre :

Œ Je commence ma journée par un petit-déjeuner équilibré,
et je profite du matin dans un monde de l’urgence, où le temps entre le réveil,
le métro et l’arrivée au bureau est minuté

 Je choisis des produits sains et de qualité

Ž Je prends mes repas à des heures régulières. Dans un
monde de l’instant, je prends le temps de me poser dans un endroit calme et
convivial, avec ma famille, mes amis. Je dis non au snacking solitaire !

 Je n’hésite pas à faire des collations entre mes
repas, surtout si ma journée est très chargée !

 Je m’hydrate tout au long de la journée

‘ Et surtout, je garde en tête que l’alimentation doit
rester un plaisir !



Petit-déjeuner "spécial lecteur Boussole"

Chers lecteurs de Boussole, parce que votre revue ne se dévore pas mais se savoure et se mâche, je vous propose de prendre un temps matinal plus long, plus intense. Non seulement pour vous alimenter dans les règles de l'art diététique et vous sentit mieux physiquement, mais également pour partager une intelligence de lecture avec votre entourage et vous sentir vivre humainement ! Êtes-vous prêts à relever le défi ? Si oui, n'hésitez pas à nous raconter vos retours d'expérience sur notre page Facebook !  

Œ Prenez votre Boussole et asseyez-vous

 Commencez par un jus de fruit
pressé (jus d’orange par exemple) pour vous apporter un plein de vitamines

Ž Continuez par une boisson chaude type thé, café ou
tisane pour réhydrater l’organisme

 Apportez ensuite à votre organisme des sucres lents
qui vous permettront de tenir jusqu’au repas suivant (pain complet, aux
céréales, au son, etc., avec un peu de beurre, de confiture ou de miel). Vous
pouvez également consommer des fruits oléagineux type amandes, riches en
calcium

‘ N’oubliez pas de boire tout au long de la journée et
de partager votre lecture.

Sophie Robin, diététicienne-Nutritionniste suit des personnes porteuses d'un handicap mental ou sensoriel. Pour Ombres et Lumière, elle revient sur quelques règles basiques de l'alimentation.

Y a-t-il une spécificité diététique pour les personnes porteuses de handicap ?
La première étape capitale est me semble-t-il la prévention. Beaucoup de personnes avec un handicap ne ressentent pas le sentiment de satiété et il convient donc de faire un travail en amont avant que le surpoids ou l'obésité s'installe. Le grignotage est à proscrire alors que le petit-déjeuner est capital. J'entends souvent des mamans dire que c'est la course le matin… Dans ce cas, pourquoi ne pas tout préparer la veille au soir ? Le fractionnement est aussi une bonne solution. Une petite collation à 16 heures évite de se jeter sur la nourriture le soir. On peut également choisir un jour où l'on aura droit à un plaisir. Le mercredi, par exemple, ce sera atelier crêpes. La maman peut s'appuyer là-dessus pour refuser des choses à d'autres moments. Pour le bien-être de la personne, l'implication conjointe de la famille et des institutions est nécessaire, ce qui n'est pas évident. Les professionnels sont partants pour bien faire mais ils n'ont pas forcément à leur disposition les meilleurs produits. La restauration collective n'est pas l'idéal pour un bon équilibre alimentaire.

Et pour celles qui contrario n'aiment pas manger ?

Pour les enfants sans goût pour la nourriture, il est primordial de repérer les aliments qu'ils aiment. Proposer un aliment fétiche au repas les aide à goûter ce qui les tente à priori moins. Des troubles de la déglutition ne favorisent pas l'envie de manger. La rééducation chez l'orthophoniste apporte de grandes améliorations. Les autistes qui ont une hypersensibilité au niveau de la vue, de l'odorat ou du goût ont tendance à faire un tri sélectif de leurs aliments. Pour leur faire découvrir un nouvel aliment, on peut le mettre au centre de la table, avant de la rapprocher progressivement de l'assiette, puis le poser dans l'assiette avant de le goûter mais sans forcer. Le processus peut paraître long mais s'avère payant. 
 
Faut-il proscrire des aliments ?
 

Le souci de bien des régimes était qu'ils étaient trop stricts et que la personne ne tenait pas mentalement et physiquement. La frustration entraîne des compensations négatives. Il n'y a pas d'aliments à interdire mais comme dans toute chose, il faut être mesuré. Tous les nutriments sont importants pour l'organisme. 
Les oméga 3 contenus dans les matières grasses sont bonnes pour le cerveau, les sucres lents des féculents aident à tenir l'après-midi… Certains modes de cuisson sont aussi à favoriser. Cuire à l'étouffée (à couvert dans un peu d'eau et de matière grasse) conservera aux légumes leur valeur nutritionnelle sans les affadir comme la cuisson vapeur. Il peut y avoir un côté compensation, affectif, de l'alimentation. Le gâteau ou le bonbon devient un "doudou". L'éducateur veut fait plaisir, la maman veut se déculpabiliser d'avoir été absente toute la journée. Ce n'est pas respecter la personne qui a encore plus besoin qu'une autre d'être en bonne santé. Quand on sent que l'envie de manger est plus une compensation, trouver un moyen de détourner l'attention de la personne en proposant un jeu, une douche qui peut détendre… De plus en plus de personnes sont tentées d'essayer des régimes sans gluten et sans caséine en espérant une amélioration du transit et du comportement. Comme pour tout régime, il importe de voir si les améliorations escomptées sont au rendez-vous, et se faire accompagner par un professionnel pour éviter les carences en protéines et calcium.